"On n'est pas n'importe quelle région de France" (français)
L'île de La Réunion fut occupée pour la première fois en 1663 par des colons français et des esclaves Malgaches au départ et Africains par la suite. [2] Ils y cultivaient du café et de la canne à sucre. Après l'abolition de l'esclavage, le 20 décembre 1848, les employés qu'on appelle les engagés et qui sont pour la plupart des Indiens, remplacèrent les esclaves dans les plantations. Après la deuxième guerre mondiale, 1946, l''Ile de La Réunion fut reconnue comme Département Français d'Outre Mer (DOM), ce qui constituait officiellement le début de la décolonisation. Aujourd'hui, l'île est une région ultrapériphérique de l'Union Européenne.
migrazine.at: On entend dire et on lit aussi souvent qu'ici, à La Réunion la cohabitation des gens de différentes religions, de cultures, de racines ethniques et de couleurs de peau fonctionne bien, et qu'on s'entend très bien ensemble – malgré les différences. Y a-t-il de la vérité là-dedans? Qu'en pensez-vous?
Ghislaine Bessière: Je pense qu'il y des images très idylliques de La Réunion, et c''est ça la carte postale de La Réunion qui permet de faire venir les touristes. Il y a du vrai là-dedans, et il y a du faux.
C'est vrai qu'on est une île multiculturelle, du fait de notre histoire. Cette multi-culturalité a une histoire, on a appris à vivre ensemble. Il y a une vraie tolérance de la religion de chacun, et ça, on l'adore: On entend le muezzin à six heures ou à midi, c'est très agréable; quand il y a la fête chinoise, la population est invitée à la danse des lions; quand il y a des défilés malabars [3], tout le monde suit . C'est très diversifié. Ça, c'est le côté culturel, exotique. Mais, bien sûr, il y a de vraies difficultés économiques.
Faites-vous allusion aux dernières émeutes qui ont eu lieu ici à La Réunion en février? [4]
Oui, les quartiers qui brûlaient. Il suffit qu'on réclame la baisse du prix de l'essence, que les transporteurs se mobilisent, et La Réunion rentre en ébullition. Les émeutes ont toujours commencé de cette façon: Une étincelle suffit pour allumer la mèche parce qu'il y a véritablement de gros problèmes sociaux. 60 pour cent des jeunes n'ont pas de travail, c'est là qu'on peut parler d'une génération perdue parce qu'il arrive qu'à seize ans, ils ont fini le système scolaire, et ils n'ont pas de perspectives. Et puis on va leur dire: "On va vous faire une remise à niveau, on va vous donner des formations." Mais au bout de tout ça, on mobilise dispositif après dispositif si bien qu'ils ont le temps de devenir parents, de voir grandir leurs enfants, tout en demeurant toujours dans la précarité.
Le malaise sociale, c'est qu'il y a certains qui sont extrêmement riches et d'autres qui sont extrêmement pauvres. Et au milieu, il y a la classe moyenne qui y parvient, parce qu'il y a un indice de correction [5] qui lui permet de compenser le coût de la vie, car les choses sont très chères ici. Les pauvres disent que dès le quinze du mois ils n'ont plus rien à manger. La solidarité familiale, la solidarité de quartier ont toujours fonctionné. Personne ne reste sans manger, les pauvres ne meurent pas de faim, mais ils sont véritablement sous alimentés. Et à côté de tout ça, on a la vitrine de la France ...
La vitrine de la France? Que voulez-vous dire par là?
Je voulais dire que tous les produits importés de la France sont très chers. Ils sont dans les magasins, donc, il y a quand même une attirance. Avec l'indice de correction, il est possible pour les fonctionnaires réunionnais de s'offrir la vitrine française. Mais, je pense effectivement que cet indice sert à rendre la vie plus chère et rend la Réunion dépendante de la France: Elle n'a pas suffisamment de production, pas assez de ressources et la monoculture de la canne à sucre fait qu'on vit toujours avec un cordon alimentaire qui n'est jamais coupé.
Que faire donc pour réduire cette dépendance de La Réunion vis-à-vis de La France?
Il faudrait pouvoir diversifier l'agriculture, retrouver une volonté de produire et arriver à un minimum d'autosuffisance alimentaire. Ce serait nécessaire aussi pour retrouver une certaine dignité. Mais on est loin de là. À chaque fois qu'il y a eu la volonté de promouvoir un produit réunionnais, des oranges par exemple, il y a toujours le 'dumping'. Avec ce fonctionnement du dumping, on n'a jamais pu véritablement produire réunionnais et vendre réunionnais. Cette dépendance est étouffante et pèse lourd.
Même les règles qui sont appliquées de manière stricte posent problème. Les règles telles qu'elles sont formulées ne sont pas toujours adaptables, car il faut qu'elles rentrent dans les normes françaises et européennes. Ça devrait être à nous de chercher comment les adapter.
Pouvez-vous citer un exemple concret?
Un exemple concret est le parc national des Hauts: Le parc national des Hauts arrive avec a un certain nombre de principes. Résultat: toutes les pratiques d'avant sont interdites parce qu'elles sont considérées comme dangereuses. La pratique de casser du bois mort pour faire du feu chez soi est interdit. Or, dans l'esprit, des gens qui habitent à Mafate [6], le fait de casser du bois mort nettoie plutôt la forêt. Donc, vous voyez, c'est quand même des schémas de pensée qui sont diamétralement opposés.
Pour l'élevage, le fait d'amener les bœufs en pâturage permet justement de toujours renouveler la terre, le pâturage est aussi interdit. Alors voyez que c'est comme ça qu'on appauvrit en fait les gens qui ont un métier, qui ont des pratiques.
Y a-t-il d'autres aspects de la relation entre l'île de La Réunion et La France?
La France s'autorise à dire qu'ici on est dans un pays français, dans n'importe quelle région de la France. Ce qui est faux, on n'est pas n'importe quelle région de la France. La Réunion a une histoire avec les îles aux alentours, on est administrativement en France, mais géographiquement pas en France.
Et on a déjà une histoire, il y a l'esclavage, l'engagisme [7], le colonialisme, la départementalisation, aujourd'hui, la décentralisation. Il est vrai que l'esclavage a été aboli en 1848, mais il a fallu attendre 1946 et la départementalisation pour avoir un certain nombre de droits sociaux, et jusque dans les années 1970, on avait des quartiers extrêmement pauvres qu'on appelaient les camps. Dans tous les quartiers pauvres, le rapport entre 'les propriétaires terriens', les maîtres – et bien, écoutez, on dit 'un maître' – et, on va donc dire, 'leurs ouvriers', était encore de cet ordre-là, avec un paternalisme parce que les schémas de fonctionnement, les comportements, ils sont restés très traditionnels, très ancrés dans l'esclavage, dans l'engagisme.
Il y a toujours une société de castes avec des rapports hiérarchiques, entre les blancs et les kafs et après entre les zoreys et les kafs. [8] Les kafs ont toujours un statut particulier, ils sont toujours dans les classes sociales défavorisées. De l'autre côté, les gros blancs [9] sont maintenant des importateurs qui tiennent toujours les rênes de l'économie du pays. En fait, les postes qualifiés sont toujours occupés par les blancs. Que ce soit les 'zoreilles' ou les blancs d'ici, vous ne trouverez pas un seul noir à ce type de poste. Voyez! il y a forcément une animosité. Moi, je n'aime pas trop ce mot, je préfère parler de violence symbolique.
Nous deux travaillons comme assistantes de langues étrangères à l`école. Il faut dire que là, Il ya une grande partie de nos collègues qui viennent de la métropole[10] ...
Le problème est que l'on enseigne aux Réunionnais une culture et des normes de là-bas. Mais comment voulez-vous que les élèves apprennent quelque chose à l'école après ça?
Est-ce que votre association travaille aussi dans les écoles?
Oui. Les profs peuvent faire l'histoire de La Réunion comme option. Il y a certains profs qui abordent un peu l'histoire de l'esclavage mais il n'y a pas véritablement d'enseignement qui est fait. Il y a encore une grande résistance.
Nous, au niveau de Rasine Kaf depuis 2004, nous proposons aux élèves depuis la maternelle jusqu'en terminale un atelier pédagogique. Un pack pédagogique, réparti sur quatre ateliers: un atelier culinaire, des ateliers sur la musique et le sport traditionnel, sur les 'contes' et sur l'histoire. On refait un cheminement ludique qui nous permet de ramener les élèves à leur histoire, et on leur dit: "Voilà, ce patrimoine vous a été emmené par vos ancêtres esclaves et engagés qui viennent de l'Afrique, de Madagascar, de l'Inde et de partout."
Par exemple, ils ont amené ces racines parce qu'ils mangeaient le manioc, les patates et le maïs qu'ils avaient dans leur jardin et qu'on leur donnait. Aussi, les marrons mangeaient ça. C'est vachement intéressant parce qu'à la fin de l'histoire, on leur fait une connexion avec ce patrimoine qui a résisté et qui est toujours vivant. Et toute de suite, la classe est animée, parce qu'ils ont besoin de se ré-ancrer.
Restons un peu dans l'histoire de la Réunion. Comment vit-on encore l'histoire de la colonisation, de l'esclavage et de l'engagisme sur l'île de La Réunion?
Dans les années 1980, Mitterand, disons la gauche, a déclaré que le 20 Décembre [11] est une journée fériée, pas chômée. Quand on a créé Rasine Kaf le 20 décembre 1998, on s'est dit que ce jour devrait être un moment de remémoration, et pas seulement un moment folklorique – et on développait dans ce sens. Rasine Kaf s'est dit que Sarda Garriga [12] était un émissaire, il a eu un rôle administratif mais les esclaves ont participé à leur propre libération, par les révoltes qu'ils ont menées, par les contestations. Mais en ce moment-là, l'histoire des esclaves était encore taboue. Dès qu'on en parlait, on remuait le passé, on revenait en arrière, on était donc des 'arriéristes'.
En disant que le 20 décembre est un moment de remémoration, nous voulions dire qu'il faut qu'il y ait ce jour-là, des débats sur la connaissance de l'histoire, sur ce qui perdure de ce schéma aujourd'hui encore et sur le principe de la réparation.
Nous-même, à Rasine Kaf avons commencé à dénoncer le fait que le 15/16 septembre, l'on fête la journée du patrimoine en montrant toujours la même chose, les bâtisses coloniales, mais sans jamais dire que ces bâtisses ont été construites par des esclaves et des engagés. On ne montrait jamais l'histoire qui est liée à l'esclavage. Pourtant, toute cette histoire demeure! Tout ce patrimoine, gagnerait à être transformé en équipement culturel, en musées de l'esclavage, de l'engagisme et du marronnage. Mais dans les rues, avez-vous vu des noms d' esclaves dans les rues? C'est complètement déséquilibré. Il y a plein de noms qui sont liés à l'histoire esclavagiste mais il n'y a pratiquement pas de noms qui sont liés à l'histoire marronne [13], l'histoire des esclaves et des engagés.
Donc, nous demandons que déjà le patrimoine soit valorisé et sauvegardé. En fait, tout ce patrimoine ici était le patrimoine français. On est resté dans un mimétisme incroyable. La société a été fondée sur l'assimilation. Mais, ce déni de l'histoire empêche la société réunionnaise de franchir un bon versant de son émancipation vers sa désaliénation. Parce que malgré tout, on est encore une société avec une certaine forme d'aliénation. Il y a un esclavage mental qui par rapport à tous ces schémas de pensées continue de se développer.
D'après vous, quel rôle jouerait une perspective féministe dans votre travail?
Au niveau de l'association, on ne va pas inventer la vie des femmes dans l'histoire. Par exemple au niveau de la révolte des esclaves de St Leu, il y eu beaucoup de femmes. Les femmes ont toujours été présentes dans la résistance, et il y a eu des marronnes. Au niveau de l'histoire, il faut savoir que le Code Noir [14] dit précisément que l'enfant suit le statut de la mère. Ce qui fait que l'esclavage ne reconnait pas le père et pas les structures familiales. Si une mère est esclave, son enfant est esclave, si la mère est libre, l'enfant est libre. Mais si la mère est esclave et le père est libre, l'enfant n'est pas libre. Bien que il y ait eu des grosses difficultés à constituer des familles, Gilles Gerard, l'historien réunionnais, a décrit que la stratégie familiale a toujours fonctionnée, en terme de résistance. [15] Ce qu'on a empêché de faire, a pu être fait. Et les femmes ont joué un grand rôle: par exemple, si une femme était affranchie, souvent la première chose qu'elle faisait était d'affranchir sa famille, d'affranchir ses enfants et puis affranchir son compagnon.
Moi, personnellement, comme féministe ... Depuis que je suis rentrée à La Réunion après mon séjour en France en plein boom féministe, jusqu'aujourd'hui, on ne me considère pas du tout comme une véritable Réunionnaise. On me dit: "Vous êtes une Antillaise ou une Africaine." Parce que je ne suis pas typique, la manière de me présenter ne fait pas très réunionnaise.
On a entendu dire que le taux de violence domestique est très haut à La Réunion ...
Oui, il est très haut, et là aussi, il faut dire que c'est lié à l'histoire. Toutes les violences ; la violence conjugale, la violence sociétale, le statut de l'enfant, le statut de la famille, sont liées, parce qu'il y a des traumatismes non élaborés. On a identifié les traumatismes de la Shoah, mais pas ceux de l'esclavage. On a même parlé d'indemnisation des traumatismes de la Shoah. Mais savez- vous que les esclaves n'ont jamais été indemnisés de quoi que ce soit? Ce sont les propriétaires qui ont été indemnisés. Il ne s'agit pas de demander des réparations financières, mais il s'agit d'identifier les traumatismes qui sont liés à cette période-là, et ces reproductions actuelles.
Dites-nous, quelle est la situation du créole [16], je veux dire le droit à sa propre langue?
Il y a encore tout un tabou sur cette langue-là, qui est considérée comme un patois. Le jour, où l'enfant s'exprime à l'école en créole on le casse, en disant: "Non, ce n'est pas comme ça qu'on parle." Quand vous dites à un enfant que ce n'est pas comme ça qu'on parle, un enfant qui a 3 ans – vous le détruisez! Il y a quelque chose d'inhumain là-dedans! Voilà, pourquoi l'esclavage a été déclaré comme un crime contre l'humanité. Mais quelque part le crime continue, parce qu'empêcher un enfant de s'exprimer dès l'âge de 3 ans, c'est lui couper finalement tout. Il va parler le français, mais 'un français mascotte' comme on l'appelle ici.
D'autre part les enfants qui accédaient á l'option du créole acquéraient déjà bien plus vite le français et ils avaient une ouverture d'esprit et quand ils étaient bloqués dans une matière, même dans l'apprentissage, ils arrivaient à débloquer parce qu'ils pouvaient recréer cet ancrage.
Pour finir: Pouvez-vous imaginer une situation dans laquelle les missions de Rasine Kaf sont entièrement accomplies?
Déjà, je pense que ce n'est pas maintenant! Là, on est encore au balbutiement avec notre combat. Mais il y a des choses qui avancent. Le Maloya [17], reconnu comme patrimoine mondial de l'UNESCO, c'est important! La Réunion reconnue comme patrimoine mondial de l'UNESCO, c'est important! Mais vous voyez, que d'un côté, il y a ça, et de l'autre côté, il y a les forêts qui brûlent. [18] Le patrimoine part en fumée. Et il y a la jeunesse, qu'on peut prendre comme une ressource, qui est complètement désœuvrée ... Ils brulent leurs quartiers, leurs voitures, leurs magasins, ils brulent tout.
Notre combat fait avancer le peuple réunionnais, parce que ce combat s'occupe de la structuration identitaire et je pense que c'est un combat à long terme. Il est très jeune quand même, la possibilité de mener ce combat à visage découvert date de 30 ans. Avant, il était systématiquement réprimé. Il faut savoir que dans les années 70-80, si un groupe de Maloya jouait dans le quartier, il y avait la police qui débarquait, les musiciens étaient obligés de plier leurs instruments de musique et de partir. Voyez, 30 ans moins 1663 cela fait combien d'années? Ça fait trois siècles à remuer. Les ancêtres ont lutté pour nous, et ils nous ont transmis une force. Et moi, je me sens prête à continuer ce combat toute ma vie parce que je le fais pour la génération future.
L'interview a été fait par Eva Posch et Isabelle Fathimani.
Notes en bas de page
[1] Rasine Kaf est une association de type loi 1901 qui cherche à promouvoir l'histoire, la présence et la parole des kafs à La Réunion, notamment par la connaissance de l'histoire de l'esclavage et des origines. Elle considère que l'histoire est un droit et que nous avons un devoir de mémoire vis à vis des ancêtres esclaves et engagés qui ont contribué à créer les ressources mais également les richesses et à développer l'industrialisation à La Réunion. Sa devise: “Fièr léritaz nout zansèt, nou vé fé sort ali dann fénoir” qui veut dire “fiers de l'héritage de nos ancêtres, on cherche à le réhabiliter”
[2] Les esclaves sont venus d'Afrique notamment de la Guinée, du Sénégal, de Madagascar et de toute la côte orientale.
[3] Les malbars ou malabars: expression créole-réunionnaise pour les descendants des 'engagés' dont la plupart étaient déportés de l'Inde à La Réunion.
[4] Mi-février, il y avait eu des émeutes dans divers endroits de La Réunion (Le Chaudron, Le Port, St Pierre etc.). Voir: www.rfi.fr/asie-pacifique/20120224-ile-reunion-emeutes-saint-andre-saint-louis-saint-pierre-etang-sale
[5] Depuis les années 50, l'indice de correction augment le salaire des fonctionnaires à La Réunion de près de 50 pour cent par rapport au salaire en France. Voir: http://infos.emploipublic.fr/2010/10/21/pourcentage-ou-coefficients-des-remunerations-majorees
[6] Le 'Cirque de Mafate' est l'un des trois cirques volcaniques de l'île. Dans le cirque de Mafate, il n'y a pas de routes, pas de transport motorisé. Les Mafatais sont alimentés par hélicoptère. Utiliser du bois mort pour faire du feu chez soi signifie aussi échapper aux lourds coûts du gaz.
[7] Pendant la période de l'engagisme, depuis le début du 19iéme siècle, et en particulier après l'abolition de l'esclavage, on a apportés des engagés à La Réunion pour le travail dans les plantations. La plupart des gens sont venus de l'Inde, et ils ont vit dans des conditions esclaves et ont eu peux des droits. Voir: www.historun.com/run/Histoire/index.asp; http://fr.wikipedia.org/wiki/Engagisme
[8] À la Réunion, le mot Kaf veut dire noir, comme le mot nègre aux Antilles ou Black en Amérique. C'est une communauté, une composante culturelle à la Réunion comme le zorey ou le Malbar. Le terme Kaf a une connotation péjorative dans la mesure où le Kaf est celui qui reste dans sa majorité au plus bas de la hiérarchie sociale, mais il est souvent utilisé pour désigner son petit bébé ("mon ti Kaf"), même quand ce dernier est blanc de peau, sa chérie ("mon Kafrine"); son chéri ("mon Kaf"). C'est un terme ambivalent qui est utilisé par Rasine Kaf dans le sens de noir.
[9] Les gros blancs: expression créole-réunionnaise pour des grands propriétaires terriens de La France continentale, pendant la période du colonialisme.
[10] La métropole: l'expression officielle et familière pour La France continentale.
[11] Le 20 decembre ou 20 Désamn, on fête l'abolition de l'esclavage.
[12] Sarda Garriga avait été envoyé comme émissaire de La France à La Réunion pour annoncer l'abolition de l'esclavage. Un des aspects de la folklorisation est que l'abolition de l'esclavage devenait de plus en plus 'personalisée' et se concentrait sur la seule personne du Sarda Garriga comme 'libérateur' des esclaves.
[13] Le marron, la marronne: esclave qui fuit des plantations.
[14] Le Code Noir, texte fondateur du système de l'esclavage, a été institutionnalisé à La Réunion en 1724. Voir: www.mi-aime-a-ou.com/histoire_code_noir.php
[15] Voir: www.temoignages.re/these-de-gilles-gerard-sur-la-famille-comme-moyen-de-resistance-a-l-esclavage,50185.html
[16] Le créole réunionnais, la langue primaire de la plupart des réunionnais est une langue créole basée sur le francais. Il était valorisé comme 'langue regionale' en 2000. Certaines écoles dispensent le créole réunionnais comme matière d'option.
[17] Le Maloya est à la fois une forme de musique, un chant et une danse propres à l'île de la Réunion. Métissé dès l'origine, le Maloya a été créé par les esclaves d'origine malgache et africaine dans les plantations sucrières, avant de s'étendre à toute la population de l'île. En 2009, il était reconnu comme patrimoine mondial par l'UNESCO.
[18] En 2011, à la fin du mois d'octobre, il y a eu des grands incendies dans le parc national des hauts (Maïdo, La Grande Chaloupe). Aussi, en 2010 il y a eu des incendies semblables. Voir: www.reunion-parcnational.fr/Incendies-2011-Maido-et-Grande.html
Littérature (en allemand)
Carsten Wergin: Kréol Blouz. Musikalische Inszenierungen von Identität und Kultur. Böhlau, Köln/Weimar/Wien 2010.